mardi 5 août 2025

Le Raccourci de la Ruine

Mon fils, si des pécheurs veulent t’entraîner, ne cède pas ! … Eux, c’est contre leur propre vie qu’ils dressent des embuscades, c’est à eux-mêmes qu’ils tendent un piège. Tel est le sentier de tout homme assoiffé de profit : le gain malhonnête cause la perte de son propriétaire. Proverbes 1:10, 18-19

L’éclat du smartphone de Davi était plus une torture qu’une distraction. Chaque défilement du fil d’actualité était un rappel de son échec. Des amis de la fac exhibant leurs nouvelles voitures, des voyages à l’étranger, des appartements achetés. Pendant ce temps, il partageait un studio avec un colocataire, et le relevé de sa dette de prêt étudiant ressemblait à un numéro de téléphone.

“Dieu, j’ai juste besoin d’une chance,” murmura-t-il au plafond moisi. Il était un bon programmeur, intelligent, dévoué. Mais le marché était saturé, et son salaire couvrait à peine les factures.

La “chance” se présenta sous la forme de Fábio, un ancien camarade de fac qui avait toujours semblé avoir les choses faciles. Fábio l’invita à prendre un café dans un quartier chic, parlant avec l’assurance de quelqu’un qui avait déjà “réussi sa vie”.

“Davi, oublie ce boulot médiocre,” dit Fábio, gesticulant avec une montre chère au poignet. “Je suis sur un nouveau projet. Quelque chose de grand. Une application d’investissement qui utilise un algorithme… disons, ‘différencié’. Le rendement est absurde.”

Les yeux de Davi brillèrent.

“Quel type d’algorithme ?”

Fábio sourit, un sourire qui n’atteignait pas ses yeux.

“C’est là que tu interviens. Nous avons besoin de quelqu’un avec ton talent pour faire des ‘ajustements fins’ sur la plateforme. Rien d’illégal, bien sûr. C’est juste une façon de… anticiper les tendances du marché. Un raccourci.”

Il ouvrit la galerie de photos de son téléphone, montrant des voitures, des fêtes sur des yachts, un appartement avec une vue imprenable.

“Viens avec nous, Davi. En six mois, tu rembourses ta dette. En un an, tu vis dans un endroit comme ça. On va tout avoir !”

Les paroles de Fábio étaient comme de la musique. Un chant de sirène qui promettait de noyer toutes ses préoccupations financières. L’invitation était pour une deuxième rencontre, pour rencontrer “les autres associés”.

Davi rentra chez lui la tête tournant. La proposition était trop tentante. Cet argent résoudrait tout. Il pourrait enfin aider ses parents, avoir une vie digne, arrêter de se sentir comme un raté. “Rien d’illégal, bien sûr,” la phrase de Fábio résonnait, mais avec un ton faux que sa conscience ne pouvait ignorer.

Le dimanche, il alla à la petite église qu’il fréquentait depuis son enfance. Le pasteur, un homme simple, prêchait justement sur le livre des Proverbes.

“Le chemin large qui semble bon aux yeux,” disait-il, “mène souvent à un piège. La cupidité murmure que tu mérites plus, tu le mérites maintenant, tu le mérites facilement. Mais la sagesse sait que la récolte hâtive est souvent amère.”

Chaque mot était une flèche dans le cœur de Davi. Il se voyait au carrefour. D’un côté, le chemin de Fábio : large, pavé de promesses de richesse instantanée. De l’autre, le chemin qu’il connaissait : étroit, escarpé, mais avec la paix d’une conscience propre.

Pendant la semaine, la pression de Fábio augmenta. Des messages. Des appels. “Alors, tu vas rester à compter tes pièces pour toujours ?”

Le soir du rendez-vous, Davi s’habilla, le cœur battant dans sa poitrine. Il regarda son reflet dans le miroir. Il vit la fatigue dans ses yeux, l’anxiété creusant son front. Et puis, il se souvint du verset que le pasteur avait cité : “Tel est le chemin de tous les cupides ; celui qui agit ainsi se détruit lui-même.”

Il ne ferait pas que programmer. Il deviendrait complice. Il construirait son succès sur le préjudice des autres. Il tendrait un piège à sa propre âme.

Avec les doigts tremblants, il prit son téléphone et envoya un message à Fábio : “Je vous remercie pour l’opportunité, mais je me retire. Ce n’est pas pour moi.”

La réponse fut immédiate, pleine de sarcasme : “Ton choix, crétin. Reste pauvre.”

Davi respira profondément, ressentant un soulagement immense, comme si un poids avait été enlevé de ses épaules. Peut-être n’aurait-il pas l’appartement avec la vue imprenable, mais il aurait des nuits de sommeil paisible. Il s’est protégé de ce chemin.

Des mois plus tard, un scandale financier fit la une des journaux. Une application d’investissement était, en fait, un système de Ponzi sophistiqué qui avait lésé des milliers de personnes. Les photos des “associés” en train d’être arrêtés furent diffusées. Parmi elles, le visage pâle et choqué de Fábio.

Davi regarda la nouvelle sur l’écran de son ordinateur dans son humble studio. Il ne ressentit pas de joie face au malheur de l’autre, mais une profonde et sereine gratitude. Il comprit que la vraie richesse ne résidait pas dans les biens que l’on accumule, mais dans les problèmes que l’on évite. Il avait été séduit, mais n’avait pas consenti. Et, cette nuit-là, son oreiller ne lui avait jamais paru aussi doux.

(Fabriqué avec l'IA)

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